« Ce n’est pas la colère qui m’anime, mais le désir de relier ce que d’autres opposent. »

Zouber El Malti

La discrimination, on la pense souvent brutale, frontale. Pourtant, c’est dans ses formes les plus insidieuses qu’elle laisse les marques les plus profondes. Elle ne détruit pas toujours bruyamment : elle érode, elle questionne, elle isole parfois. Mais elle peut aussi, paradoxalement, faire émerger une force inattendue : celle de vouloir comprendre les deux rives.

Dans Destins croisés, je raconte le parcours intérieur de Walid, tiraillé entre héritage et avenir, traditions et aspirations. Ce personnage, comme beaucoup, ne cherche pas à choisir entre deux identités : il tente de les faire dialoguer. Il est la preuve que l’on peut grandir avec la complexité, sans se trahir.

Parcours du combattant, tel père tel fils revient sur une histoire familiale marquée par le combat, la loyauté, mais aussi le silence. Le silence d’un père qui a servi un pays sans reconnaissance, et d’un fils qui comprend, à travers l’expérience, que les blessures invisibles se transmettent — mais qu’elles peuvent aussi se transformer.

Aujourd’hui, je ne parle pas en tant que victime. Je parle en tant que passeur. La discrimination, je l’ai vécue. Mais j’ai choisi de la comprendre, de l’analyser, de la dépasser. Non pas pour oublier, mais pour bâtir.

Car ce que j’ai compris, c’est que nous avons besoin de ponts. Pas de murs. De récits sincères, pas de clichés. D’une parole qui ne crie pas vengeance, mais qui ouvre des chemins de reconnaissance mutuelle.

Face à la méfiance, à l’incompréhension ou aux replis identitaires, j’oppose une autre voie : celle du lien. Écrire, enseigner, transmettre, c’est ma manière de faire exister cette voie. Car chaque expérience, même douloureuse, peut devenir un outil de réconciliation, dès lors qu’on accepte de regarder l’autre… sans peur.