Quand j’ai écrit Destins croisés, je ne voulais pas raconter une histoire linéaire, avec un début, un milieu, une fin. Ce qui m’intéressait, c’était l’intérieur. L’univers invisible. Ce que l’on tait. Ce que l’on refoule. Et parfois… ce que l’on ne comprend pas soi-même.
J’ai choisi de situer une grande partie du roman dans un cadre psychiatrique, mais ce n’est pas un choix anodin. Je ne parle pas ici de la psychiatrie en tant qu’institution ou science médicale. Ce que je cherche à explorer, c’est autre chose : un espace mental, un lieu symbolique, où les frontières entre le vrai et le faux s’effacent. Un peu comme dans nos rêves, ou nos cauchemars.
Dans ce lieu, les personnages ne sont pas seulement des soignants ou des patients. Ils sont des fragments de mémoire, des figures intérieures, parfois des reflets de notre part d’ombre ou de lumière. Certains nous accompagnent, d’autres nous déroutent. Ils ont tous un rôle à jouer dans ce voyage intime que vit le personnage principal — et que, peut-être, le lecteur vit aussi en miroir.
Le coma, dans le livre, devient une sorte de sas. Un entre-deux. Ce n’est ni la mort ni la vie, mais un territoire flottant, où tout peut ressurgir : les traumatismes enfouis, les héritages familiaux, les douleurs transgénérationnelles. Mais aussi les élans d’espoir, de pardon, de reconstruction.
Je crois profondément que la littérature peut servir à cela : à donner forme à ce qui nous traverse, sans toujours pouvoir se dire. La psychiatrie, dans mon roman, est un prétexte poétique. Une scène intérieure. Une manière d’interroger ce que signifie “guérir” quand on ne sait même pas de quoi on souffre.
Je ne dirai pas ce qu’il en est vraiment. Il faudra lire jusqu’au bout. Car dans Destins croisés, la vérité n’est jamais là où on l’attend.
